Le traitement d’un CESU préfinancé coûte 1,55 €, soit 6,5% de la valeur moyenne des prestations réglées par ce moyen de paiement. Ce coût est supérieur à la seule TVA sur les services d’aide à domicile pour les personnes âgées et handicapées, qui opèrent, rappelons-le, avec des marges très faibles. Il se répartit à peu près également entre les coûts internes du prestataire et la facturation des opérateurs de CESU. Le coût de 1,55 € est prodigieusement élevé si on le compare à la valeur faciale des titres, qui va de quelques euros jusqu’à une vingtaine d’euros. On rencontre même des titres dont la valeur est inférieure à leur coût !

En avril 2014, la France sera le dernier grand pays à dématérialiser les chèques restaurants, écrit le journal Le Monde (http://www.lemonde.fr/economie/article/2013/12/19/la-dematerialisation-des-titres-repas-prevue-pour-avril-2014_4337247_3234.html). Mais au moment où le gouvernement prépare un décret sur la dématérialisation des titres papiers, des conseils généraux ont lancé l’impression et la diffusion de CESU papiers, destinés aux bénéficiaires de l’APA et de la PCH. Ainsi, une personne qui percevait une allocation par un virement de 500 € reçoit désormais par la poste une trentaine de titres de paiement. Avec les risques d’erreur de comptage, de pertes, de vol, de trop payé ou de trop perçu, de retards, qu’il implique. Sans compter le stress, celui des employés des services de la ville, des personnes âgées, de leur entourage et des intervenants.

Revenir d’un mode de paiement électronique à un paiement papier est une vraie régression. C’est un peu comme si les employeurs recommençaient à payer leurs salariés en liquide.

Les tâches nouvelles pour traiter un CESU papier, depuis l’ordre de paiement passé par le Conseil Général jusqu’au traitement par le CRCESU, sont les suivantes :

  1. les coûts internes du conseil général,
  2. le coût d’impression des titres
  3. les coûts postaux,
  4. la gestion des pertes et retards,
  5. la manipulation par le bénéficiaire,
  6. l’envoi au prestataire,
  7. le comptage et la vérification des CESU reçus,
  8. le temps passé au téléphone avec les bénéficiaires et les services du conseil général pour traiter les erreurs,
  9. le tamponnage du dos de centaines de chèques papier,
  10. le remplissage des bordereaux de remises,
  11. leur envoi au CRCESU,
  12. le retour de l’information sur les sommes versées par CESU au conseil général,
  13. le calcul du montant des charges sociales par le conseil général,
  14. le reversement des charges sociales au bénéficiaire par virement sur compte bancaire,
  15. la vérification par le bénéficiaire que le total de l’APA ou de la PCH versée en CESU et par virement bancaire correspond bien à ses droits pour une période donnée.
  16. la compensation au CRCESU et le règlement des salariés et des prestataires.
  17. le rapprochement comptable chez les prestataires.

Certes, on dira que les personnes âgées peuvent ouvrir un compte sur Internet, suivre le versement des aides et télépayer les intervenants. Mais la fracture numérique étant ce qu’elle est, c’est plus facile à dire qu’à faire.

Il serait important qu’à l’avenir, la réflexion sur les procédures de paiement associe l’ensemble des acteurs, de sorte que le gain que les uns espèrent obtenir ne soit pas la contrepartie d’un coût imposé aux autres. Les solutions moins coûteuses, basées sur une carte de paiement, sont simples et éprouvées. Le paiement par smartphone commence à se répandre. Plutôt que la régression, choisissons d’aller de l’avant, tout le monde en bénéficiera.