Obtenir 650 millions d’euros pour les personnes dépendantes en 2015 alors que le gouvernement recherche 50 milliards d’économies ne va pas de soi. C’est pourtant ce que prévoit le projet de loi sur le vieillissement, dont on espère qu’il sera voté d’ici la fin de l’année. Il est vrai que le prélèvement de 0,3% sur les revenus des retraités créé dans ce but avait été détourné vers d’autres lignes budgétaires. L’affectation de ces 650 millions pour la dépendance n’est que justice, mais en ces temps difficiles, on doit s’en féliciter.

La  nouveauté est que ces moyens supplémentaires sont en totalité affectés au maintien à domicile des personnes en perte d’autonomie. Les personnes concernées et leur entourage apprécieront, car rester vivre à domicile est très majoritairement leur souhait. Les sommes consacrées à l’APA (Allocation Personnalisée d’Autonomie), supérieures aujourd’hui à 5 milliards d’euros, seront augmentées de 450 millions. Les plafonds d’aide seront relevés et le reste à charge réduit pour les plus modestes. Selon le gouvernement, près de 600.000 bénéficiaires de l’APA (sur 735.000) recevront une aide financière plus élevée en moyenne de 50 € par mois. Une personne très dépendante ayant un revenu de 1500 euros par mois toucherait 600 euros de plus, selon le cabinet de la ministre. Il est aussi prévu que l’APA pourra comprendre une aide, pouvant atteindre 500 euros sur l’année, pour procurer aux aidants une période de répit, par un hébergement temporaire ou une assistance à domicile supplémentaire momentanée.

Dans son intention, le gouvernement assigne à son projet un objectif d’ « adaptation de la société au vieillissement », avec une tonalité légèrement moralisatrice, en évoquant les solidarités entre générations et l’engagement de centaines de milliers de séniors dans les associations. Il est bon de reconnaître les actions bénévoles réalisées par ces « retraités actifs », très nombreuses, le plus souvent discrètes, qui contribuent à un mieux-vivre évident. Pour autant, on ne voit pas quelle peut être l’utilité de la « création d’un volontariat civique senior ». AssiDom organise chaque jour des dispositifs de maintien à domicile en étroite coordination avec des « retraités actifs » qui s’occupent de leurs parents plus âgés. Ces aidants bénévoles n’ont pas attendus une impulsion des pouvoirs publics pour le faire. Sans se limiter à l’aide aux personnes fragiles, ils font aussi bien d’autres choses, volontairement et bénévolement, régulièrement ou ponctuellement – soutien scolaire, garde d’enfants, animation d’associations à vocation culturelle, sociale, sportive, éducative, etc. Reconnaître leur implication ne peut que les satisfaire. Encadrer leur bénévolat dans un « volontariat civique » n’apporterait rien de plus, et pourrait au contraire freiner leur engagement.

 

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